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L'Est
Républicain, Dimanche le 10 Octobre 2010
/ Ouverture Montbéliard
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Cinéma
: Ladislas Starewitch à l'honneur à la médiathèque et au Colisée
Pionnier
du ciné d'animation
Béatrice
Martin Starewitch veille sur des personnages fabriqués par son aïeul. Photo
Francis REINOSO
« Souvent, Ladislas Starewitch
introduisait les histoires féeriques par des vrais personnages. On passe de
l'image réelle à l'image animée. On est dans Roger Rabbit. Mais en 1927 »,
image François Sanchez.
L'année de la Russie en France est un excellent prétexte pour remettre un coup
de projecteur sur Ladislas Starewitch,
un des pères fondateurs du cinéma d'animation. « La ciné marionnette,
c'est ce qu'il a créé » résume Béatrice Martin-Starewitch,
la petite fille du cinéaste. Elle était hier à Montbéliard, pour monter, à
la médiathèque, une exposition qui retrace le travail et l'oeuvre de son aïeul,
décédé en 1965, en région parisienne.
« J'ai vécu avec lui de 6 à 14 ans » explique Béatrice Martin-Starewitch,
qui entretient désormais avec son mari un patrimoine familial, devenu
patrimoine national. Voire mondial. Né en Russie, en 1882, Starewitch
est au départ entomologiste. « Il est venu au cinéma parce qu'il voulait
expliquer aux élèves comment vivaient les lucanes » raconte sa
petite-fille. Il réalise des reproductions articulées des insectes. Pour les
filmer. « En 1910, il réalise La Cigale et la fourmi qui est le premier
film à entrer à la cour du tsar. Il allait avoir son studio à Moscou quand la
révolution est arrivée ».
Fin 1920, Starewitch
se pose en France. C'est là qu'il a réalisé une centaine de films. Presque
tous des courts-métrages. Une exception notable ? Le Roman de Renard, long métrage,
réalisé en 1929, prévu sonorisé dès le départ. « Avant le Roman de
Renard, il avait fait la Petite Parade, le premier sonore » détaille Béatrice
Martin-Starewitch,
qui reprend le flambeau de sa tante Irène, la collaboratrice du cinéaste et de
sa mère, Jeanne, dite Nina Star, l'enfant que Starewitch
met en scène pour lier le réel à son univers féerique animé.
« Depuis 2006, on voulait réunir cette exposition » souligne François
Sanchez, du Centre Image. À la médiathèque, Béatrice Martin Starewitch
a mis en vitrine l'atelier de son grand-père, cet artisan qui réalisait tout
de A à Z. Elle présente aussi de nombreuses marionnettes utilisées pour ces
films souvent inspirées de fables. Alors que Disney naissait aussi aux yeux des
enfants du monde, Hollywood a fait les yeux doux à Starewitch.
« On lui a proposé un studio à Hollywood. Il a dit non, je travaille
tout seul ». Le cinéaste n'avait visiblement pas envie de passer trop de
compromis avec la censure : « Il ne voulait pas gâcher son univers
parce que les Américains lui demandaient de le faire ».
Olivier
BOURAS