Un colloque international sur le thème
« Ecrire sur le cinéma d’animation », organisé par
la Nef Animation se tient à Paris les 1er et 2 décembre 2017 à
Institut National d’Histoire de l’Art (INHA). Nous avons proposé une
communication qui a été retenue, qui portera sur le thème : « Ladislas
Starewitch dans l’historiographie du XXème siècle (1910-2000) : entre
reconnaissance, méconnaissance et renaissance (?) ».
Voici la présentation de ce colloque par ses organisateurs : Lire…
Voici la présentation de notre communication :
« Il
s’agit d’explorer à travers les propos de ceux qui ont écrit, ou filmé,
sur le cinéma et sur Ladislas Starewitch (acteurs, techniciens, réalisateurs,
producteurs, critiques, historiens…) l’image qui est transcrite et la place
qui est donnée à ce réalisateur à travers deux « filières »,
l’une française, l’autre russe.
Les sources françaises sont
accessibles directement : presse, écrits critiques ou encyclopédiques,
films documentaires (Paris-Cinéma, Comment
naît et s’anime une ciné-marionnette…), programmes de la Cinémathèque
Française, revues d’histoire du cinéma…
Les sources russes sont
accessibles (pour moi) indirectement à travers le travail de Wladislas
Jewsiewicki, principalement son livre : Ezop
xx wieku, Władisław
Starewicz
pionier filmu lalkowego i sztuki filmowej, 1989,[1]
fondé sur
des sources directes (presse, enquêtes, témoignages…) russes et soviétiques.
Ces deux filières dessinent
deux trajectoires. La trajectoire russe, des années 1910 jusqu’aux années
1960 (recueil des derniers témoignages sur les années 1910), associant
constamment cinéma d’animation et cinéma de vues réelles maintient
Starewitch parmi les grands réalisateurs. Plus récent le témoignage de Youri
Norstein ne concerne que l’animation. La trajectoire française serait plutôt
une ligne brisée. Commençant dans les années 1920 avec son arrivée en
France, elle semble exclure constamment (avec de rares exceptions) les films
avec acteurs et n’envisager que l’animation (incluant parfois des vues réelles).
Ligne haute dans les années1920-1930, ligne effondrée dans les années
1950-1960 (au moment où une nouvelle critique, qui crée son propre Panthéon,
émerge), et remontée polymorphe dans les trois dernières décennies du siècle
très différente selon le point de vue dont il s’agit : réalisateurs,
critiques ou historiens.
Une troisième filière
anglo-saxonne peut également être envisagée, intéressante surtout pour cette
renaissance à partir des années 1960-1970 et liée à la question sous-jacente
à cette étude, celle de l’accès aux films. (On pourrait explorer également
une filière japonaise, voire en RDC).
Les films avec acteurs ont peu dépassé les frontières de la Russie
dans les années 1910 avant de disparaître des écrans soviétiques
progressivement dans les années 1920. Les films d’animation ont, dès le début,
été diffusés dans le monde entier avant de quitter les écrans et presque les
mémoires au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec de rares exceptions
(principalement Le Roman de Renard).
D’où cette nouvelle critique en France fondée seulement sur les films des
années 1949-1958 qui méconnaît profondément et durablement cette œuvre.
Il faut attendre les années 1970 (Raymond Maillet, Chicago), 1980
(Edimbourg, Marly le Roi) et surtout la dernière décennie pour que ces films
anciens soient à nouveau visibles (Annecy 1991 pour l’animation et surtout
Moscou et Sitges en 2000 qui ajoutent les films avec acteurs des années 1910,
ou Laon 2002). A ce moment des textes de
L. Starewitch sont publiés ainsi que de nouveaux textes sur
Starewitch (Lenny Borger, 1989 ; W. Jewsiewicki, 1989 ; L. Béatrice
et François Martin, 1991) qui relancent la connaissance.
S’installe vers 2000 une diversité de perceptions entre les réalisateurs (Terry Gilliam, Peter Jackson, Julian Schnabel, Henry Selick, Jan Švankmajer …), les critiques de cinéma, les commissaires d’exposition (Paolo Colombo, Carolina López…) ou les historiens du cinéma (revue 1895) qui soulèvent diverses questions : la mesure de l’importance et l’influence d’une œuvre, la tendance au primat de la contextualisation d’une œuvre sur sa prise en compte directe, la nationalité de ces immigrés/exilés (lituanien, polonais, russe, français ?), en quoi l’animation est-elle du cinéma, en quoi la poésie est-elle du cinéma ? »
[1] Esope du XXème siècle,
Ladislas Starewitch pionnier du film de marionnette et de l’art du cinéma.
[1] Esope du XXème siècle, Ladislas Starewitch pionnier du film de marionnette et de l’art du cinéma.